Un millésime de... 1988 !
Et si je perdais quelques chose comme une centaine de kilos ? *
* article publié le vendredi 2 mars 1990 dans le quotidien régional « Le Journal de Toulouse ».
Jean-Louis Yaïch en est venu à peser jusqu'à 186 kg en 1981... Janvier 1987, la peur au ventre, il prend la décision d'enterrer sa vie d'obèse. Il rencontre le Dr Gérard Apfeldorfer, un psy spécialiste ès comportement alimentaire. Ensemble, ils vont combattre la surcharge pondérale de Jean-Louis. « Kilos de plume, kilos de plomb » est le récit, comme un journal paru au Seuil, de cette Odyssée. Une extraordinaire aventure humaine !
« À l'heure où j'écris ces lignes, je pèse 172 kilos ». Jean-Louis n'a pas fait dans le détail... à peine la trentaine, il se voit comme un vieillard. Depuis trop longtemps, le moral en guenilles comme un mur de planches disjointes, il a cherché asile. Il a trouvé un refuge : son frigo... A trop bouffer, il en était rendu à être bouffé par la graisse.
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Yaïch-Apfeldorfer, gloire au tandem ! (émission Apostrophes, mai 1988) |
Impossible de nouer ses lacets, impossible d'attraper son sexe pour pisser... La honte fut vite là. Il s'est claquemuré chez lui, laissant péricliter sa petite maison d'édition. Dès lors, n'ayant plus le physique du jeune cadre dynamique, la déchéance le guettait, la cloche en ligne de mire... Il avait essayé tous les régimes. En vain. Il songea à prendre le mal par ses racines. Non plus comment mais... pourquoi ? Un médecin comportementaliste lui sembla le seul recours.
Jean-Louis, avec une franchise totale nous dévoile le fonctionnement mental d'un boulimique, nous explique ses tourments, nous donne à voir ses appréhensions, sa peur de manquer... Gérard, pour sa part, observe avec une lucidité bienveillante son patient à la conscience dichotomique, œuvrera pour le guider au fil des jours et des mois vers la reconquête de son corps.
Cette reconquête passera par une identification. La recherche du sens de sa vie. La plume ou le stylo comme un garde-fou afin de vite vider son sac pour ne pas se remettre à engloutir...
Lecture salubre, par ses effets inhibiteurs sur la tendance que nous avons tous, à en faire trop. Trop de quoi ? Trop de n'importe quoi : sentiments, sports, boulot et que sais-je encore... A trop vouloir démontrer, on ne prouve rien. L'excès crée la nuisance ! Réfléchissez-y et vous verrez... Dominique, sa compagne, sera son soutien durant les neuf mois de sa gestation au terme desquels, il a accouché de sa graisse. Pour enfin se voir presque svelte, mieux dans sa tête, mieux dans son corps !
Ce journal à deux mains est comme le compte-rendu d'un combat de titans ou encore un hymne à la vie. Peu à peu, sous nos yeux, se redessine un Homme : une bouffée d'air pur pour ceux d'entre vous qui flipperaient trop...
L'édition en collection de poche (Le Seuil, Points Actuels) s'est enrichie d'une sorte de mode d'emploi de l'amaigrissement. Patrick Besset.
« Kilos de plume, kilos de plomb » par Jean-Louis Yaïch et le Docteur Gérard Apfeldorfer, chez Le Seuil.
Dernière minute :
Jean-Louis Yaïch, né à Alger, en 1951, fut imprimeur à Toulouse dans les années 70 pour des mouvements alternatifs en France et en Espagne alors qu'y sévissait le franquisme, cofondateur à Paris d'une maison d'édition spécialisée pour la jeunesse (Éditions Léon Faure), directeur de collection chez Gallimard, auteur d'une vingtaine d'ouvrages, nègre pour d'autres écrivains, psychothérapeute et sexologue pendant une dizaine d'années rue Réaumur, libraire breton spécialisé dans les livres rares à Bécherel, devenue Cité du Livre, gérant d'une laverie à Rennes...
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Jean-Louis Yaïch, à Bécherel en 2009. |
Depuis 2010, il s'adonne à la création authentiquement artisanale de stylos à partir de matériaux rares : ivoire de mammouth, ébène et autres bois précieux; il utilise le galuchat, la dorure à la feuille et par électroplacage au tampon.
Le Docteur Gérard Apfeldorfer, psychiatre, cofondateur, en 1998, et coprésident d'honneur du Groupe de Réflexion sur l'Obésité et le Surpoids (GROS), est également l'auteur de plusieurs ouvrages, dont « Manger en paix ! » aux éditions Odile-Jacob en 2009.
Ne s'affichant aujourd'hui qu'en tant que psychothérapeute, il promeut avec le Dr Jean-Philippe Zermati, un confrère s'affichant nutritionniste,
une nouvelle méthode d'amaigrissement se voulant radicalement différente et durable car travaillant sur le comportement alimentaire, les envies de manger émotionnelles... méthode qui se découvre en ligne sur www.linecoaching.com : il y propose deux formules tarifées mensuellement 19 € ou 25 €, jusqu'à résiliation.
La question se pose : qui du médecin ou du marchand doit-on écouter, entendre les conseils quand le premier apparaît sur un écran TV et le second sur la Toile ? La frontière entre les deux professionnels devient parfois si ténue que le doute naît... à qui profite la médiatisation grandissante de l'un, tenu par le serment d'Hippocrate, quand elle aide trop manifestement l'autre, sans obligation déontologique ?
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