(La permanence téléphonique, 7J/7 et 24H/24, valable pour toute la France est au 0820 ECOUTE soit le 0820 32 68 83)**.
Il était une fois Bill W., alcoolique, courtier à Wall Street. Par un miracle, il était devenu abstinent et tout à sa ferveur quasi mystique, il tentait de passer le message de la sobriété à d’autres alcooliques. En vain. Un jour, seul en déplacement dans l’Ohio, l’angoisse de l’éventualité d’une rechute le tenailla. Prendre un seul premier verre, il le savait, serait le début de l’anéantissement. Il réalisa alors qu’il devait cette abstinence de six mois au seul fait d’avoir tenté jusqu’alors, de rendre des alcooliques à la sobriété. Il chercha donc un poivrot à aider, il trouva un chirurgien Bob S., un ivrogne depuis trente ans. Mais au lieu de déclarations enflammées, voire illuminées, il lui raconta sans ombre ni détour ce que l’alcool avait fait de lui, ce qu’il serait advenu de lui s’il n’avait pas arrêté de boire.
Les jours passèrent… Bill W. s’aperçut qu’en « travaillant » Bob S., il détruisait en lui-même le pouvoir de l’alcool. Il le détruisit de même chez Bob S. Compréhension et confiance mutuelles !
L’association « Alcoholics Anonymous » naquit le 10 juin 1935, de leur rencontre. Quelques vingt-cinq ans après, heureux hasard : rencontre sur les Champs-Élysées de deux amis. Joseph Kessel apprenait la drôle de « résurrection » d’une femme d’Hollywood qu’ils connaissait, elle avait sombré dans l’alcool… elle s’en était sortie grâce aux « Alcooliques Anonymes ». Faiseurs de miracles ?
Le « Lion » eut envie d’en apprendre plus encore sur cette association américaine ; second hasard, il lui était présenté un américain de passage à Paris, John X., reporter célèbre comme lui. Celui-ci était un Alcoolique Anonyme, un malade de l’alcool, devenu abstinent pour sa survie. Il devait cette seconde chance à son ami Bob qui avait connu le même calvaire et qui fut son « parrain ». Il était dès lors resté aux A.A. car « personne, jamais, n’est à l’abri d’une rechute ».
- Je m’appelle John N. et je suis un alcoolique.
- Je m’appelle Mary S. et je suis une alcoolique.
Cette phrase rituelle, dite publiquement, à visage découvert, résonne à New-York tous les jours de l’année et dans cinquante réunions différentes. N’importe qui peut entrer, écouter.
Voici les quelques lignes par lesquelles Joseph Kessel entame le récit du document qu’il consacre suite à son enquête, aux Alcooliques Anonymes, à leur vie… C’était en 1960.
Il s’était envolé pour New-York et avait rencontré Robert, le « parrain » de Bob, journaliste au Herald Tribune. Jusqu’alors, Joseph tenait les alcooliques pour « des gens qui n’ont pas eu le désir ou la force d’arrêter à temps ». Il les tenait « en mépris… en dégoût… au mieux en pitié mêlée de répugnance ». C’est l’aveu qu’il fit à Robert. Celui-ci le tranquillisa par ces mots : « Ne soyez pas gêné, je vous en prie. C’est l’attitude universelle à notre égard ». Robert lui raconta sa vie… et l’invita à suivre la route du poison.
D’abord la Bowery, l’univers new-yorkais des déchets humains, esclaves de l’alcool. Là où aboutissent tous ceux qui ont glissé sur la rampe. Il en existe un tout pareil dans toutes les grandes villes US… Déchéance, espoir interdit, alcoolisme chronique, abjection, chambres infectes, solitude au bout… au bout, la mort, pour ceux et celles qui ne parviennent pas à refaire surface.
Joseph continua son enquête parmi les groupes A.A. en tout lieu, clinique psychiatrique, hôpital, pénitencier, église, mairie, etc. Il découvre des hommes et des femmes, professeurs, banquiers, médecins, journalistes, magistrats – certains ayant connu la Bowery – des marins, des stars du cinéma, de la chanson, de l’Art, toutes couches de la société, pour lesquels l’alcool, après avoir été un allié, est devenu une fin en soi… Ils boivent ou avaient bu pour se sentir boire et finalement ne plus rien sentir. Un suicide ! Ces êtres humains étaient cinq à six millions aux États-Unis de l’époque, tous encourant d’aboutir à la Bowery si… ils n’avaient rencontré un groupe d’anciens buveurs, entre autres les Alcooliques Anonymes.
Les témoignages pleuvaient… tous empreints d’une gravité remarquable, d’une émotion particulière. Quartiers chics et quartiers chocs, des groupes existent, partout, prêts à répondre à la détresse alcoolique d’un ex-frère d’armes, de l’ami, du camarade. Pour eux, pas de sermons… Les A.A. savent de quoi ils parlent, ils sont passés par là. Ils ont rendu à la sobriété absolue, des dizaines et des dizaines de milliers de gens. Ils leur ont rendu la santé, la dignité et par là-même tous ces faux « incurables » ont retrouvé du travail, une vie normale avec bizarrement un petit plus que ni vous, ni moi n’avons : la conviction intestine d’une Renaissance !
La force des A.A., il la découvrit… la tolérance avant tout, l’espérance.
Joseph Kessel nous offre là un de ses meilleurs reportages, un message d’espoir, un livre d’une qualité rare. Un livre à lire dans les bibliothèques, à acheter en librairie ou à emprunter…. Sans atermoiement, il relate une Aventure… celle d’hommes et de femmes rescapés de l’alcool qui « pour pouvoir continuer de vivre en restant sobres doivent nécessairement aider un autre alcoolique ». Il nous amène à voir, dans un style alerte, à croire avec un ton qui en aucun moment ne sonne faux que rien n’est jamais perdu… quand opère la solidarité. Merci Joseph !Au-delà de l’aspect américain, il faut savoir que l’existence des Alcooliques Anonymes est internationale. En France, il y a, au moins deux cent cinquante groupes. En Midi-Pyrénées, pour les joindre, on peut composer le 05 34 40 82 98 **, une liste de numéros d’appels vous sera communiquée par une voix enregistrée… Patrick Besset.
J’ai intentionnellement changé le numéro de téléphone de 1989 pour celui de 2008, afin de permettre d'obtenir une aide immédiate à ceux qui en auraient besoin ; la permanence téléphonique, 7J/7 et 24H/24, valable pour toute la France est au 0820 ECOUTE soit le 0820 32 68 83 « Numéro indigo - 0,12 € TTC la minute depuis un poste fixe ».
En ce 21 février 2009, je reçois ce charmant courrier dont je remercie l'auteur :
« Bonjour,
Je tiens votre adresse du blog "Kreizker".
J'ai été heureux de relire l'histoire du livre de Kessel...
J'en avais acheté l'édition originale, au prix originel (11 NF - nouveaux francs) lors d'une réunion AA où je fêtais mon premier mois d'abstinence. Trente ans auparavant, dans ma jeunesse, je m'enthousiasmais pour ses romans et à ce prix c'était déjà là une excellente affaire ! L'exemplaire a aujourd'hui bien vieilli tant il est passé entre de nombreuses mains mais il est resté propre tant il a été l'objet d'attention de la part de ses lecteurs successifs.
En cette période d'incertitude des débuts de l'abstinence il avait été pour moi et pour les autres un heureux complément à la littérature AA.
Pour ce qui concerne votre article je relève ceci :
"Au-delà de l’aspect américain, il faut savoir que l’existence des Alcooliques Anonymes est internationale. En France, il y a, au moins deux cent cinquante groupes..."
Je sais qu'aujourd'hui (2009) il en existe environ 600. Bien que cette information soit peu importante j'ai pensé qu'il était possible que vous souhaitiez la modifier de la même façon que vous aviez mis à jour le numéro de téléphone.
Amitiés,
Hervé »
Levons le voile ! L’alcoolisme mis à nu…*
Les « Alcooliques Anonymes » de Toulouse fêtaient samedi dernier leur 15ème anniversaire.
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