Selon une étude de l'institut GfK pour le magazine Livres Hebdo, sur la période 2014-2018, un prix Goncourt s'écoule en moyenne à 367.100 exemplaires.
Et la vie continue, la vie est belle...
3 décembre 2019... Epilogue !
Bernard Pivot quitte l'académie Goncourt, mais reste membre d'honneur.
Lundi 4 novembre 2019...
C'est donc le toulousain Jean-Paul Dubois qui remporte le chèque de 10 € avec son bouquin au titre énigmatique "Tous les hommes n'habitent pas le monde de la même façon" (Éditions de l'Olivier) par six voix contre quatre pour la favorite Amélie Nothomb, après avoir obtenu le Prix Femina en 2004 avec "Une vie française".
Après quoi les dix membres du jury sont allés faire ripailles en invitant le lauréat à partager un plat avec eux, dans le salon du premier étage chez Drouant, ce restaurant qui est en phase de réouverture par étapes depuis octobre dernier, après travaux... Nouveaux propriétaires pour Drouant, nouveau chef de cuisine, Émile Cotte, aux allures débonnaires de troisième-ligne de rugby à XV.
En effet, Antoine Westermann, chef alsacien triplement étoilé, chef-propriétaire depuis 2006 de Drouant a passé la main à 70 ans. Il avait résorbé le déficit du restaurant en douze ans pour en faire un Veau d'Or au chiffre d'affaires clôturé à plus de 4 millions d'euros le 31 mars 2018 et a revendu l'ancien bar-tabac à trois entrepreneurs, trois frangins, le 29 mars 2018 pour en assurer la pérennité... Laurent, Thierry et Stéphane Gardinier, un trio de choc qui tient déjà les rênes de Taillevent et intègre Drouant à leur holding familiale, Gardinier & Fils..
N'était-ce pas cela le plus important, en fait ? Pas de bonne bouffe, pas de bon prix Goncourt...
Huître juste tiède, poireaux, champagne, caviar
Tourteau et homard, royale de céleri au paprika fumé
Saint-Jacques, viennoise, oignons doux, infusion de parmesan
Bar, gnocchis vert tendre au cresson, crème de champignons
Canard colvert et foie gras, chou vert, jus de civet
Brie de Meaux aux truffes
Choux, chocolat noir chaud Guanaja 70 %, glace vanille Ouganda
Le tout accompagné, entre autres, de Champagne Delamotte, et Pol Roger, d’un Margaux Château Rauzan-Ségla 2010, et d’un Collioure Coume Del Mas 2016.
400 € par tête de pipe, mazette !
Nathacha Appanah, Le ciel par-dessus le toit — Gallimard
Dominique Barberis, Un dimanche a Ville-d’Avray — Arléa
Jean-Luc Coatalem, La part du fils — Stock
Louis-Philippe Dalembert, Mur Méditerranée — Sabine Wespieser
Jean-Paul Dubois, Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon — L’Olivier
Héléne Gaudy, Un monde sans rivage — Actes Sud
Léonora Miano, Rouge impératrice — Grasset
Hubert Mingarelli, La terre invisible — Buchet Chastel
Amélie Nothomb, Soif — Albin Michel
Anne Pauly, Avant que j’oublie — Verdier
Abel Quentin, Sœur — L’Observatoire
Olivier Rolin, Extérieur monde — Gallimard
Sébastien Spitzer, Le cœur battant du monde — Albin Michel
Karine Tuil, Les choses humaines — Gallimard
Le mercredi 31 octobre, nous avions découvert les quatre romans encore en lice pour la dernière ligne droite...
- David Diop pour " Frères d’âme "
- Nicolas Mathieu pour " Leurs enfants après eux "
- Thomas B. Reverdy pour " L’hiver du mécontentement "
Il est à noter qu'en juin 2018, Marie Dabadie, ancien bras droit d'Edmonde Charles-Roux, atteinte par l'âge de la retraite est contrainte au départ, contre son gré, par Bernard Pivot, 83 ans, qui la licencie sans ménagements.
Bernard Pivot, 83 ans, président de l'Académie Goncourt.
En 1998, François Nourrissier alors président de l'Académie Goncourt, lui avait proposé de devenir administratrice de l’académie Goncourt. Elle en fut la seule salariée à 3 000 euros nets mensuels, les membres étant tous bénévoles et elle assista à toutes les délibérations des jurés. Elle fit notamment déposer la marque Goncourt (estimée à 15 millions d'euros) et créa le site Internet de l'académie. En février 2018, elle apprit donc sans ménagements, sa mise à la retraite d'office en juin 2018... décision collective adoptée par l'académie le 6 février 2018. Retraite mensuelle de 1 500 euros et une indemnité de 20 000 euros. Choisie en mai 2018, c'est Françoise Rossinot -- fille de libraires, épouse de l’ancien maire et ministre André Rossinot, bientôt 66 ans, née en novembre 1953, précédemment commissaire du salon "Le Livre sur la Place" de Nancy -- qui sera promue Déléguée Générale de l’Académie Goncourt pour une prise de poste au 1er octobre 2018.
- Bizarre, bizarre...
- Qu'est-ce qu'il a ?
- Qui ?
- Votre couteau...
- Comment ?
- Euh, vous regardez votre couteau et vous dîtes bizarre, bizarre, alors je croyais que...
- Moi, j'ai dit bizarre, bizarre ? Comme c'est étrange... Pourquoi aurais-je dit bizarre, bizarre ?
- Je vous assure, cher cousin, que vous avez dit bizarre, bizarre.
- Moi, j'ai dit bizarre ? Comme c'est bizarre...
Pas de Médaille d'Honneur du Travail à l'académie Goncourt après 20 ans de bons et loyaux services ?
Qui roule pour qui ?
Jeudi 3 novembre 2016...
Mardi 3 novembre 2015...
Ses dauphins sont Nathalie Azoulai pour "Titus n'aimait pas Bérénice" (P.O.L), Hédi Kaddour pour "Les prépondérants" (Gallimard), Tobie Nathan pour "Ce pays qui te ressemble" (Stock)
5 novembre 2014, à 20h...
c'est Lydie Salvayre qui a finalement obtenu, sans gloire, le Prix Goncourt 2014 pour son roman, « Pas pleurer », au Seuil.
Lydie Salvayre : Prix Goncourt 2014. |
En 2014, l'Académie Goncourt fête ses 100 ans à la table de Drouant
avec un menu d'anthologie élaboré par son Chef -propriétaire Antoine Westermann,
inspiré par ceux qui furent servis en ce salon, entre 1914 et 1939.
Dont acte ! Mais lire cet excellent article publié sur Huffingtonpost.fr est apaisant...
Kamel Daoud |
Pierre Lemaître : Prix Goncourt 2013. |
Am, stram, gram,
Pic et pic et colégram,
Bour et bour et ratatam,
Am, stram, gram pic dam.
Mais comme le Roi et la Reine
ne le veulent pas,
ça ne sera pas toi !
Tiens, nous sommes déjà à J-2... les finalistes pour 2013 ?
- « Au revoir là-haut », par Pierre Lemaître (Albin Michel)
- « Nue », par Jean-Philippe Toussaint (Minuit)
- « L’Invention de nos vies », par Karine Tuil (Grasset)
- « Arden », par Frédéric Verger (Gallimard)
7 novembre 2012 :
Sur une scène désolée, fouettée par le vent, le sable et le sang, dans l’humidité des caves algéroises où des bourreaux se rassemblent autour des corps nus, Jérôme Ferrari, à travers trois personnages réunis par les injonctions de l’Histoire dans une douleur qui n’a, pour aucun d’eux, ni le même visage ni le même langage, trace, par-delà le bien et le mal, un incandescent chemin d’écriture vers l’impossible vérité de l’homme dès lors que l’enfer s’invite sur terre ».
Le 4 septembre 2012... est annoncée la sélection des 12 bouquins pour le Prix Goncourt 2012 qui sera décerné le 7 novembre.
- L’Enfant grec de Vassilis Alexakis (Stock)
- Partages de Gwenaëlle Aubry (Mercure de France)
- Ils désertent de Thierry Beinstingel (Fayard)
- Orchidée fixe de Serge Bramly (JC Lattès)
- Peste et Choléra de Patrick Deville (Seuil)
- La Vérité sur l'affaire Harry Québert de Joël Dicker (Fallois)
- Rue des voleurs de Mathias Enard (Actes Sud)
- Le Sermon sur la chute de Rome de Jérôme Ferrari (Actes Sud)
- Quel Trésor ! de Gaspard-Marie Janvier (Fayard)
- Lame de fond de Linda Lê (Bourgois)
- Le Terroriste noir de Tierno Monenembo (Seuil)
- Comme une bête de Joy Sorman (Gallimard)
Entre-temps, les finalistes auront été dévoilés le 30 octobre 2012 depuis la capitale libanaise à l'occasion du Salon du livre francophone de Beyrouth.
Qu'en fut-il en novembre 2011 ?
Aussi, à J-2 pour cet automne 2011... les membres du jury du Prix Goncourt doivent se prononcer entre quatre livres. L'occasion d'un très bon gueuleton chez Drouant qui les invite... en entrée, un bel homard en mousse, un prometteur foie gras d'oie et un délicieux chutney d'oignons, poivre de Madagascar et amandes; ensuite un dos de bar cuit à la vapeur, accompagné de tarte d'huîtres et caviar Naccaro, suivi d'une ballottine de lièvre, quelques bonnes bouteilles pour trinquer avec ferveur dont un comté millésime 2008, une Petite Jumalie et un Puligny-Montrachet pour finir sur un soufflé glacé au Grand Marnier. Caramba ! L'addition ? Laissez, c'est pour moi...
Menu que l'on pourrait croire ne coûtant que le montant du chèque remis au récipiendaire par l'Académie: 10 euros... osera-t-il l'encaisser ou, comme tant d'autres avant lui, l'encadrera-t-il par simple superstition ? Oh, mais il n'y a pas de petit profit, dirait chaque éditeur... à moins qu'il constitue un objet si rare qu'il fera la joie des héritiers le mettant aux enchères d'ici à quelques décennies.
La cuisine, c'est quand les choses ont le goût de ce qu'elles sont. Si le potage avait été aussi chaud que le vin, le vin aussi vieux que la poularde et la poularde aussi grasse que la maîtresse de maison, cela aurait été presque convenable... selon Curnonsky dit le Prince des Gastronomes.
Qui sont donc ces dix heureux convives en novembre 2016 ?
- au premier couvert, Bernard Pivot (Président de l'académie Goncourt depuis le 7 janvier 2014),
- au deuxième couvert, Eric-Emmanuel Schmitt (depuis 2016, il succède à Edmonde Charles-Roux, doyenne du Goncourt, et sa présidente de 2002 à 2014, âgée de 95 ans, qui avait demandé à se retirer),
- au troisième couvert, Didier Decoin (depuis 1995, au couvert de Jean Cayrol appelé à l'honorariat), secrétaire général,
- au quatrième couvert, Paule Constant (depuis janvier 2013) à la suite de Robert Sabatier,
- au cinquième couvert, Patrick Rambaud (depuis 2008),
- au sixième couvert, Tahar Ben Jelloun (depuis 2008),
- au septième couvert, Virginie Despentes (élue en 2016, elle pris le « couvert » de Régis Debray, qui avait démissionné en novembre 2015, arguant « d’obligations de travail »,
- au huitième couvert, Françoise Chandernagor (depuis 1995), trésorière,
- le neuvième couvert, Philippe Claudel (depuis le 11 janvier 2012) à la suite de Jorge Semprún qui s'en est allé rejoindre les princes de la pensée, le 7 juin 2011,
- au dixième couvert, Pierre Assouline (depuis le 11 janvier 2012) qui a remplacé Françoise Mallet-Joris ayant démissionné pour raisons de santé après avoir demandé l'honorariat en 2011.
Le jury Goncourt par Bernard Buffet (1955) |
Alain Gillot-Pétré, chez Drouant, nous découvre malicieusement les coulisses de la cuisine littéraire, en 1979... Nostalgie !
Carole Martinez (photo Catherine Cogelman / Opale) |
En 1187, le jour de son mariage, devant la noce scandalisée, la jeune Esclarmonde refuse de dire « oui » : elle veut faire respecter son vœu de s'offrir à Dieu, contre la décision de son père, le châtelain régnant sur le domaine des Murmures. La jeune femme est emmurée dans une cellule attenante à la chapelle du château, avec pour seule ouverture sur le monde une fenestrelle pourvue de barreaux. Mais elle ne se doute pas de ce qui est entré avec elle dans sa tombe...
Loin de gagner la solitude à laquelle elle aspirait, Esclarmonde se retrouve au carrefour des vivants et des morts. Depuis son réduit, elle soufflera sa volonté sur le fief de son père et ce souffle l'entraînera jusqu'en Terre sainte.
Carole Martinez donne ici libre cours à la puissance poétique de son imagination et nous fait vivre une expérience à la fois mystique et charnelle, à la lisière du songe. Elle nous emporte dans son univers si singulier, rêveur et cruel, plein d'une sensualité prenante.
« Je suis l'ombre qui cause.
Je suis celle qui s'est volontairement clôturée pour tenter d'exister.
Je suis la vierge des Murmures.
À toi qui peux entendre, je veux parler la première, dire mon siècle, dire mes rêves, dire l'espoir des emmurées. […]
J'ai tenté d'acquérir la force spirituelle, j'ai rêvé de ne plus être qu'une prière et d'observer mon temps à travers un judas, ouverture grillée par où l'on m'a passé ma pitance durant des années. Cette bouche de pierre est devenue la mienne, mon unique orifice. C'est grâce à elle que j'ai pu parler enfin, murmurer à l'oreille des hommes et les pousser à faire ce que jamais mes lèvres n'auraient pu obtenir, même dans le plus doux des baisers. […]
Entre dans l'eau sombre, coule-toi dans mes contes, laisse mon verbe t'entraîner par des sentes et des goulets qu'aucun vivant n'a encore empruntés. Je veux dire à m'en couper le souffle.
Écoute ! ».
* " Retour à Killybegs " de Sorj Chalandon, chez Grasset - 20 euros.
Une nuit de décembre 2005, j’ai écrit le mot effroi sur mon carnet. Le premier qui m’est venu. Je l’ai entouré de dizaines de cercles noirs, jusqu’à ce que le papier cède. Je venais d’apprendre que Denis, un ami irlandais, trahissait son pays depuis 20 ans. Et son combat, et sa famille, et tous ceux qu’il avait serrés dans ses bras. Effroi, ce fut le premier mot. Il a donné naissance à Mon traître, publié chez Grasset en 2008.
Ce livre était un roman. Un masque. J’avais vieilli mon traître, changé son histoire. Je lui avais sculpté un autre visage, donné un autre regard que le sien. Et moi, je m’étais fait luthier. Pas journaliste. Surtout pas. Qu’est-ce qu’un journaliste pouvait bien faire dans une histoire d’amour ? Dissimulé derrière l’effroi d’Antoine le Français, j’ai ainsi raconté l’histoire de Tyrone l’Irlandais.
Sorj Chalandon (photo Roberto Frankenberg-Grasset) |
Après la publication de Mon Traître, le tombeau est resté ouvert. J’avais écrit Tyrone pour pleurer Denis mais soudain, les deux fantômes me demandaient des comptes. Le vrai, abattu au fusil de chasse. L’autre, à peine masqué par mes mots. Je n’avais pourtant pas condamné mon traître et Antoine n’avait pas jugé le sien. J’avais essayé de les écouter, de les regarder, de les comprendre. Mais cela n’a pas suffit à leur repos. Et je n’étais pas apaisé.
Quelque chose manquait à la cérémonie des adieux.
Aveuglé par la souffrance d’Antoine, j’en avais oublié Tyrone. Son histoire me manquait. Il me manquait aussi. Alors j’ai décidé de le rejoindre.
Pour écrire Retour à Killybegs, je me donc suis glissé deux ans dans la peau du traître. Il est le narrateur de ce roman. Il raconte son enfance misérable, les coups du père, les bombes allemandes, les balles anglaises, son amour de république, la première arme au creux de sa main, les humiliations, les privations, l’extrême violence, ses jours et ses nuits de cachot. Il raconte sa trahison. Le piège anglais refermé sur sa gorge. L’argent ennemi glissé dans sa poche. Sa crainte de mourir, sa terreur de vivre. Cette communauté qui était la sienne, ces amis devenus étrangers, cette fraternité qu’il frappe dans le dos. Il raconte une vie sans sommeil, sans appétit, sans goût, sans couleur, sans plus rien. Il raconte sa femme, qui dort à ses côtés et ne se doute pas. Il raconte son fils si fier de lui. Il raconte sa terre devenue grise, son ciel passé au noir, la pluie qui ne le quitte plus. Il raconte son drapeau délavé, sa république blessée. Il raconte l’Irlande brusquement hostile. Il raconte sa peur de traître, sa solitude de traître, son désarroi de traître. Et je l’accompagne jusqu’au bout de sa nuit.
Dans Mon traître, je demandais au lecteur de partager la douleur du trahi. Dans Retour à Killybegs, je lui offre de partager l’effroi de la trahison.
- Lui as-tu pardonné ?
Mille fois, j’ai entendu cette question. Effacer ? Je ne dois pas. Oublier ? Je ne peux pas. Mais je n’éprouve plus de rancœur. »
* " L'art français de la guerre " d'Alexis Jenni, chez Gallimard - 21 euros.
« J'allais mal ; tout va mal ; j'attendais la fin. Quand j'ai rencontré Victorien Salagnon, il ne pouvait être pire, il l'avait faite la guerre de vingt ans qui nous obsède, qui n'arrive pas à finir, il avait parcouru le monde avec sa bande armée, il devait avoir du sang jusqu'aux coudes. Mais il m'a appris à peindre.
Il devait être le seul peintre de toute l'armée coloniale, mais là-bas on ne faisait pas attention à ces détails.
Alexis Jenni (photo Alexandre Marchi) |
« L'armée en France est un sujet qui fâche. On ne sait pas quoi penser de ces types, et surtout pas quoi en faire. L'armée en France est muette, elle obéit ostensiblement au chef des armées, ce civil élu qui n'y connaît rien, qui s'occupe de tout et la laisse faire ce qu'elle veut. Ces militaires on les préfère à l'écart, entre eux dans leurs bases fermées de la France du Sud, ou alors à parcourir le monde pour surveiller les miettes de l'Empire. On préfère qu'ils soient loin, qu'ils soient invisibles ; qu'ils ne nous concernent pas. On préfère qu'ils laissent aller leur violence ailleurs, dans ces territoires très éloignés peuplés de gens si peu semblables à nous que ce sont à peine des gens. ». Alexis Jenni.
Au fil de récits qu'elle recueille et qui, chacun à leur manière, posent une question essentielle –
Lyonel Trouillot (photo Georges Seguin) |
Pour ma part, j'ai une petite faiblesse pour le poète haïtien...
Un si beau titre rendant hommage à l’écrivain haïtien Jacques Stephen Alexis, assassiné en avril 1961 par la dictature de Duvalier, n'est-il pas la belle promesse d'un bon moment de lecture, d'un grand moment de partage ?
AFP/Bertrand Guay |
Que le hasard fait bien les choses !
J'aime bien feuilleter les pages de son blog, " Voyages pas très loin... j'aime bien aller dans Lyon " que j'ai découvert par hasard et je savoure encore dans la feuille de chou annuelle d'un collectif lyonnais, " Pas de quartier !, " la lecture au second degré de son premier mémorable coup de gueule de décembre 2003, contre les neuf chaises vues comme des armes de destruction sociale, installées à Lyon, place Valensio, par une municipalité indigne... et de ses contestations de l'aménagement de la place Benoît Crépu où il réside : un parking souterrain de 800 places y fut creusé de 2003 à 2005 !
J'aime y lire ses saines indignations... et que dire de ses dénonciations pamphlétaires empruntant la promptitude de la bande dessinée ? Un pur régal, en noir et blanc... osant penser que l'écrivain rebelle ne se transformera pas en auteur embourgeoisé.
* Il sera présent à Toulouse, le samedi 12 novembre 2011 de 17H00 à 19H00, à la Librairie
... pour les lecteurs curieux d'en savoir plus !
En outre, un buzz sur le Net a fait état d'un travail bâclé de relecture avant impression en raison d'un trop grand nombre de coquilles pour ce qui est de l'édition numérique du bouquin - 619 pages à 14,99 €)... les même coquilles retrouvées dans l'édition papier. Pendant ce temps, Flammarion à la si belle rentabilité est en vente pour un prix s'établissant entre 200 et 250 millions d'euros. Gallimard est à la corde et reste favori pour la dernière ligne droite, osant racheter plus gros que lui !
Va bientôt naître la controverse sur les thèses en contre-chant de ce roman bien ambigu et vraiment étrange, dont certains ont trouvé la lecture fastidieuse, ennuyeuse... écrit par un professeur de sciences naturelles qui se pensait écrivain raté après avoir été recalé à quinze reprises par les éditeurs !
Qui a dit que la patience et la pugnacité ne sont jamais totalement récompensées ?
Un peu d'histoire littéraire ? Voici la liste des lauréats depuis 1903...
• 1904 - Léon Frapié, La Maternelle (Albin Michel)
• 1905 - Claude Farrère, Les Civilisés (Flammarion)
• 1906 - Jérôme et Jean Tharaud, Dingley, l'illustre écrivain (Cahiers de la Quinzaine)
• 1907 - Émile Moselly, Terres lorraines et Jean des Brebis ou le livre de la misère (Plon)
• 1908 - Francis de Miomandre, Écrit sur l'eau (Émile-Paul)
• 1909 - Marius-Ary Leblond, En France (Fasquelle)
• 1910 - Louis Pergaud, De Goupil à Margot (Mercure de France)
• 1911 - Alphonse de Châteaubriant, Monsieur des Lourdines (Grasset)
• 1912 - André Savignon, Filles de la pluie (Grasset)
• 1913 - Marc Elder, Le Peuple de la mer (Calmann-Lévy)
• 1914 - Adrien Bertrand, L'Appel du sol (Calmann-Lévy) (décerné en 1916)
• 1915 - René Benjamin, Gaspard (Fayard)
• 1916 - Henri Barbusse, Le Feu (Flammarion)
• 1917 - Henry Malherbe, La Flamme au poing (Albin Michel)
• 1918 - Georges Duhamel, Civilisation (Mercure de France)
• 1919 - Marcel Proust, À l'ombre des jeunes filles en fleurs (volume 2 d'À la recherche du temps perdu) (Gallimard)
• 1920 - Ernest Pérochon, Nêne (Clouzot puis Plon)
• 1921 - René Maran, Batouala (Albin Michel)
• 1922 - Henri Béraud, Le Vitriol de Lune et Le Martyre de l'obèse (Albin Michel)
• 1923 - Lucien Fabre, Rabevel ou le Mal des ardents (Gallimard)
• 1924 - Thierry Sandre, Le Chèvrefeuille, le Purgatoire, le Chapitre XIII (Gallimard)
• 1925 - Maurice Genevoix, Raboliot (Grasset)
• 1926 - Henri Deberly, Le Supplice de Phèdre (Gallimard)
• 1927 - Maurice Bedel, Jérôme 60° latitude nord (Gallimard)
• 1928 - Maurice Constantin-Weyer, Un homme se penche sur son passé (Rieder)
• 1929 - Marcel Arland, L'Ordre (Gallimard)
• 1930 - Henri Fauconnier, Malaisie (Stock)
• 1931 - Jean Fayard, Mal d'amour (Fayard)
• 1932 - Guy Mazeline, Les Loups (Gallimard)
• 1933 - André Malraux, La Condition humaine (Gallimard)
• 1934 - Roger Vercel, Capitaine Conan (Albin Michel)
• 1935 - Joseph Peyré, Sang et lumières (Grasset)
• 1936 - Maxence Van der Meersch, L'Empreinte du dieu (Albin Michel)
• 1937 - Charles Plisnier, Faux Passeports (Corrêa)
• 1938 - Henri Troyat, L'Araigne (Plon)
• 1939 - Philippe Hériat, Les Enfants gâtés (Gallimard)
• 1940 - Francis Ambrière, Les Grandes Vacances (Nouvelle France)
• 1941 - Henri Pourrat, Vent de Mars (Gallimard)
• 1942 - Marc Bernard, Pareils à des enfants (Gallimard)
• 1943 - Marius Grout, Passage de l'homme (Gallimard)
• 1944 - Elsa Triolet, Le premier accroc coûte 200 francs (Gallimard)
• 1945 - Jean-Louis Bory, Mon village à l'heure allemande (Flammarion)
• 1946 - Jean-Jacques Gautier, Histoire d'un fait divers (Julliard)
• 1947 - Jean-Louis Curtis, Les Forêts de la nuit (Julliard)
• 1948 - Maurice Druon, Les Grandes Familles (Julliard)
• 1949 - Robert Merle, Week-end à Zuydcoote (Gallimard)
• 1950 - Paul Colin, Les Jeux sauvages (Gallimard)
• 1951 - Julien Gracq, Le Rivage des Syrtes (J. Corti), refusé par l'auteur
• 1952 - Béatrix Beck, Léon Morin, prêtre (Gallimard)
• 1953 - Pierre Gascar, Les Bêtes (Gallimard)
• 1954 - Simone de Beauvoir, Les Mandarins (Gallimard)
• 1955 - Roger Ikor, Les Eaux mêlées (Albin Michel)
• 1956 - Romain Gary, Les Racines du ciel (Gallimard)
• 1957 - Roger Vailland, La Loi (Gallimard)
• 1958 - Francis Walder, Saint-Germain ou la Négociation (Gallimard)
• 1959 - André Schwartz-Bart, Le Dernier des Justes (Seuil)
• 1960 - Vintila Horia, Dieu est né en exil, prix attribué, mais non décerné à l'auteur en raison de révélations politiques
• 1961 - Jean Cau, La Pitié de Dieu (Gallimard)
• 1962 - Anna Langfus, Les Bagages de sable (Gallimard)
• 1963 - Armand Lanoux, Quand la mer se retire (Julliard)
• 1964 - Georges Conchon, L'État sauvage (Albin Michel)
• 1965 - Jacques Borel, L'Adoration (Gallimard)
• 1966 - Edmonde Charles-Roux, Oublier Palerme (Grasset)
• 1967 - André Pieyre de Mandiargues, La Marge (Gallimard)
• 1968 - Bernard Clavel, Les Fruits de l'hiver (Laffont)
• 1969 - Félicien Marceau, Creezy (Gallimard)
• 1970 - Michel Tournier, Le Roi des aulnes (Gallimard)
• 1971 - Jacques Laurent, Les Bêtises (Grasset)
• 1972 - Jean Carrière, L'Épervier de Maheux (J.J. Pauvert)
• 1973 - Jacques Chessex, L'Ogre (Grasset)
• 1974 - Pascal Lainé, La Dentellière (Gallimard)
• 1975 - Émile Ajar (Romain Gary), La Vie devant soi (Mercure de France)
• 1976 - Patrick Grainville, Les Flamboyants (Seuil)
• 1977 - Didier Decoin, John l'Enfer (Seuil)
• 1978 - Patrick Modiano, Rue des boutiques obscures (Gallimard)
• 1979 - Antonine Maillet, Pélagie la Charrette (Grasset)
• 1980 - Yves Navarre, Le Jardin d'acclimatation (Flammarion)
• 1981 - Lucien Bodard, Anne Marie (Grasset)
• 1982 - Dominique Fernandez, Dans la main de l'Ange (Grasset)
• 1983 - Frédérick Tristan, Les Égarés (Balland)
• 1984 - Marguerite Duras, L'Amant (Minuit)
• 1985 - Yann Queffélec, Les Noces barbares (Gallimard)
• 1986 - Michel Host, Valet de nuit (Grasset)
• 1987 - Tahar Ben Jelloun, La Nuit sacrée (Seuil)
• 1988 - Erik Orsenna, L'Exposition coloniale (Seuil)
• 1989 - Jean Vautrin, Un grand pas vers le Bon Dieu (Grasset)
• 1990 - Jean Rouaud, Les Champs d'honneur (Minuit)
• 1991 - Pierre Combescot, Les Filles du Calvaire (Grasset)
• 1992 - Patrick Chamoiseau, Texaco (Gallimard)
• 1993 - Amin Maalouf, Le Rocher de Tanios (Grasset)
• 1994 - Didier Van Cauwelaert, Un aller simple (Albin Michel)
• 1995 - Andreï Makine, Le Testament français (Mercure de France)
• 1996 - Pascale Roze, Le Chasseur Zéro (Albin Michel)
• 1997 - Patrick Rambaud, La Bataille (Grasset)
• 1998 - Paule Constant, Confidence pour confidence (Gallimard)
• 1999 - Jean Echenoz, Je m'en vais (Minuit)
• 2000 - Jean-Jacques Schuhl, Ingrid Caven (Gallimard)
• 2001 - Jean-Christophe Rufin, Rouge Brésil (Gallimard)
• 2002 - Pascal Quignard, Les Ombres errantes (Grasset)
• 2003 - Jacques-Pierre Amette, La Maîtresse de Brecht (Albin Michel)
• 2004 - Laurent Gaudé, Le Soleil des Scorta (Actes Sud)
• 2005 - François Weyergans, Trois jours chez ma mère (Grasset)
• 2006 - Jonathan Littell, Les Bienveillantes (Gallimard)
• 2007 - Gilles Leroy, Alabama song (Mercure de France)
• 2008 - Atiq Rahimi, Syngué sabour. Pierre de patience (P.O.L.)
• 2009 - Marie NDiaye, Trois Femmes puissantes (Gallimard)
• 2010 - Michel Houellebecq, La Carte et le Territoire (Flammarion)
• 2011 - Alexis Jenni, L'art français de la guerre (Gallimard)
• 2012 - Jérôme Ferrari, Le Sermon sur la chute de Rome (Actes Sud)
• 2013 - Pierre Lemaître, Au revoir là-haut (Albin Michel)
• 2014 - Lydie Salvayre, Pas pleurer (Seuil)
• 2015 - Mathias Énard, Boussole (Actes Sud)
• 2016 - Leïla Slimani, Chanson douce (Gallimard)
• 2017 - Eric Vuillard, L'ordre du jour (Actes Sud)
• 2018 - Nicolas Mathieu, Leurs enfants après eux (Actes Sud)
• 2019 - Jean-Paul Dubois, Tous les hommes n'habitent pas le monde de la même façon (Éditions de l'Olivier)
Et puis, qui peut prétendre que le Prix Goncourt distingue immanquablement un écrivain de si grand talent que la mémoire collective gravera assurément son nom dans le marbre des marches d'un Panthéon pour les siècles des siècles ?
Quelques bonnes lectures !
Pour les scolaires, les curieux ou autres lecteurs trop pressés, un résumé de 6 pages (1,95 €) et une belle fiche de lecture de 14 pages (3,95 €) au format ePub du livre d'Alexis Jenni composés par Valérie Fabre pour LePetitLitéraire.fr, téléchargeables en cliquant sur les photos.
Parutions des 18 août 2011 & 15 mai 2012
Philippe Caubère prête sa voix et son énergie à cette fresque fascinante. Une lecture qui bouscule, interroge et résonne longtemps.
Texte abrégé en collaboration avec l'auteur ?!?
Le coffret contient deux CD audio au format MP3. Durée d'écoute : environ 20 h. 30 euros.
Et chez Gallimard - À vue d’œil (édition en gros caractères) - coffret de 2 volumes, 976 pages. 42 euros.
Le 26 juin 2012, le groupe italien de médias et d'édition RCS Mediagroup, propriétaire à 100 % de Flammarion depuis 2000, avait signalé l'accord avec Gallimard pour une étrange cession à 185 millions d'euros en regard du chiffre d'affaires de 278 millions d'euros (distribution comprise)... le 30 août 2012, l'Autorité de la concurrence a donné son feu vert, sans condition, à cette acquisition en autorisant la société Madrigal pour le groupe Gallimard à monter sur la troisième marche du podium de l'édition française, en compagnie du Groupe Hachette et d'Éditis : tiercé gagnant dans l'ordre !
Communiqué du 30 août 2012 : Édition
Le groupe Gallimard et le groupe Flammarion sont actifs dans le secteur de l'édition, de la diffusion, de la distribution et de la vente de livres. Chacun des deux groupes détient plusieurs maisons d'édition spécialisées dans la littérature générale, la jeunesse, les beaux livres, les livres parascolaires, les bandes dessinées. Pour Gallimard, il s'agit notamment des Éditions Gallimard, Folio, des Éditions Denoël, Mercure de France, Ed. de la Table Ronde, P.O.L. Éditeur, Éditions Alternatives, Gallimard Loisirs, Gallimard Jeunesse, Éditions Les Grandes Personnes, Gallimard, Gallisol ; et pour Flammarion des Éditions Flammarion, Nexso, ESFP, Casterman, J'ai Lu et Audie.
Grâce à l'acquisition du groupe Flammarion, le groupe Gallimard renforcera significativement sa position et deviendra le troisième opérateur du secteur. La nouvelle entité continuera cependant à faire face à la concurrence de plusieurs opérateurs détenant des positions équivalentes ou supérieures à la sienne et notamment à la concurrence des deux principaux groupes d'édition en France, Hachette et Éditis, qui sont verticalement intégrés et sont présents sur tous les segments de marché sur lesquels la nouvelle entité sera présente ainsi qu'à la concurrence d'opérateurs de taille plus modeste ou d'opérateurs spécialisés sur certaines catégories d'ouvrages mais qui sont également susceptibles d'exercer une pression concurrentielle sur la nouvelle entité sur les segments de marché sur lesquels ils interviennent.
L'Autorité de la concurrence a donc pu écarter tout risque d'atteinte à la concurrence, et a autorisé l'opération sans conditions ». Cf. décision 12-DCC-126 du 30 août 2012.
1 commentaires :
Bonjour Patrick. Merci d'être passé dans ma caverne d'Ali baba et d'y avoir déniché au moins une trouvaille à ton goût! Je suis une blogueuse tout à fait occasionnelle, très fière d'avoir créé un labyrinthe suffisamment intéressant pour que tu t'y engages et pas trop difficile pour que tu finisses enfin par trouver la page contact!
Ainsi donc, écrire avant tout te mène à lire et à trouver également que la consécration d'un poulain Gallimard l'année du centenaire Gallimard est un très Zeureux Zasard!
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